Moyen terme

Cher journal,

relaxJe t’ai un peu délaissé ces derniers temps, je l’avoue. Mais les vacances sont passées par là, et il faut croire que les vacances ça apaise (qui l’eût cru!) et quand je suis moins révolté, forcément, j’écris un peu moins. Il faut que je vérifie, mais à en croire ces premières lignes, cet article risque d’être le premier où je ne râle pas. Alors ça risque d’être philosophique, aujourd’hui.

Certes, il y a toujours des choses qui me préoccupent. Là, et je prends ce qui me vient comme ça me vient, je pense à acheter un ordi, un sac, il va aussi falloir acheter un meuble pour mettre les chaussures, où vivre dans un an ou deux, comment s’organiser pour le nouvel an, quand est-ce que je vais avoir à la fois le temps et l’envie de faire le ménage, quand prendre le dernier jour de congé qu’il me reste cette année… Je me surprends à remarquer que j’ai dû réfléchir à des trucs qui me préoccupent. Ça veut sûrement dire que je ne me prends pas trop la tête, et je crois y voir les effets des vacances et d’un évènement super cool qui est arrivé juste avant. Je me sens plutôt apaisé. Mes ongles protestent, mais ma tête va bien.

cat couchJ’essaye toujours d’appliquer la philosophie du moyen terme. En gros, ça consiste d’une part à trier les choses par ordre de priorité, et d’autre part à tout reporter quand ce n’est pas urgent. Je ne stresse pas sur mon jour de congé puisque je peux le garder pour l’année prochaine. Je ne stresse pas pour le nouvel ordi parce que pour l’instant, je n’en ai pas besoin. Idem pour le meuble de chaussures (ma moitié ne sera pas forcément d’accord mais bon…) et le déménagement, il n’est pas non plus d’actualité puisque pour l’instant, on est très bien où on est. Faire les courses pour manger, c’est beaucoup plus important. Se reposer aussi. Franchement, pourquoi aller se faire suer des heures à Ikea si je ne remarque pas l’absence de meuble à chassures depuis mon canapé?

Mes exemples sont carrément bidons. Pour se faire une meilleure idée de la philosophie que j’essaie d’appliquer, remplace-les par des choses pour lesquelles on aurait un peu plus d’appréhension. D’accord, passer des heures à Ikea, c’est chiant et il y a de quoi appréhender, mais c’est quand même moins grave que des trucs qui vont constituer ton avenir comme un entretien d’embauche, l’organisation de gros travaux dans la maison ou l’éducation du futur gosse (qui n’est pour l’instant même pas encore une démangeaison dans le bas-ventre). Appréhender, voire angoisser, pour ça, c’est tout à fait normal.

cat couch 2Ma philosophie consiste à ne pas trop essayer de planifier l’avenir. Selon ce que disait John Lennon, la vie, c’est tout ce qui t’arrive alors que tu prévoyais autre chose. Une fois que j’ai compris ça, ma vie a changé pour le mieux. Parce que la vie ne dépend pas que de nous, elle dépend d’une multitude de facteurs externes parfois prévisibles, parfois imprévisibles, parfois carrément surprenants ou déstabilisants. Cela ne rend-il pas futile toute planification excédant le moyen terme?

Note bien le choix du mot « planification ». Je milite pour vivre le moment présent, mais vivre comme si tu devais mourir demain, ça ne m’a pas l’air très pratique dans l’hypothèse où justement, tu ne meurs pas demain. Ça va dans les deux sens, en fait: planifier les 30 ans qui viennent et attendre la retraite pour faire ce que as toujours voulu faire alors que si ça se trouve, tu meurs demain, c’est au moins aussi con que de se retrouver dos au mur alors qu’on avait largement moyen d’éviter cette situation. Alors sois au moins préparé, arme-toi d’un plan B réaliste (personne, je crois, n’est devenu astronaute après avoir échoué sa tentative de faire carrière au McDo). Moi j’ai même un plan C voire D, alors OK, ça va peut-être un peu loin mais au moins, on me dira pas que je n’étais pas préparé!

Moralité: ne te préoccupe pas trop de l’avenir à long terme, mais sois un minimim prévoyant. Ça roule?